L'IA va-t-elle remplacer les développeurs ?

L'intelligence artificielle bouleverse le monde du développement. Menace ou alliée pour les développeurs web ? Analyse d'un freelance.

L'IA va-t-elle remplacer les développeurs ?

Depuis l’avènement des IA génératives, la question de la place du développeur est revenue sur le tapis à maintes reprises. Est-ce que le métier est en danger ? Est-ce qu’il est facile de se passer d’un développeur pour ses besoins web ? Petit tour d’horizon.

L’IA, un outil sans précédent

La place du développeur avait déjà été questionnée à l’époque des CMS type Wordpress, Webflow, Drupal, etc. On se disait que les outils WYSIWYG allaient permettre de couvrir la majorité des besoins du web et mettraient les développeurs à la retraite. Que nenni !

Oui, les outils CMS ont permis à tout un chacun de créer des sites visuellement ok, avec des performances relativement bonnes et tout cela sans avoir de connaissances de ce qui se cache dans le moteur. Est-ce que ça a été une révolution ? En un sens oui, et nul doute que leur avènement a permis à certaines personnes de passer le pas là où la sollicitation d’un développeur n’était pas une option, notamment à cause du coût.

L’IA pousse le curseur encore plus loin. Sur la base d’un simple texte (ou “prompt”), il est maintenant possible de créer des sites et applications incroyables avec si peu d’efforts intellectuels et très peu de connaissances dans le domaine. À ce titre, l’IA est un break majeur dans l’innovation, quelque chose d’insensé, à peine croyable si on prend un peu de recul. Oui l’IA c’est l’avenir, et les progrès se font à la vitesse de la lumière.

Mais attention, l’IA doit être un soutien, pas le dépositaire du savoir

Qu’est-ce que j’entends par là ? Utiliser l’IA pour développer, c’est un atout majeur, un gain de temps formidable, sous certaines conditions. Mettre toutes les responsabilités dans les bras de l’IA, c’est aller au-devant de vrais problèmes, potentiellement insolvables, et infiniment plus coûteux.

À l’heure où j’écris ces lignes, l’IA a une fenêtre de contexte énorme, mais pas suffisante pour mener à bien la supervision d’un projet sans risquer de casser des pans entiers de l’écosystème que l’on construit.

Kezaco ? En d’autres termes, elle aura tendance à modifier 5 fichiers là où deux lignes auraient suffi. La stabilité est en jeu, la sobriété technique du projet aussi, et lorsque le socle vacille, c’est l’ensemble qui risque de se casser la figure.

Il faut imaginer le projet, quel qu’il soit, comme une tour : d’abord on construit les fondations, solides, presque immuables. Une fois que ces fondations sont faites, on va agencer les blocs, petit à petit, sur celles-ci.

L’IA aura tendance à raisonner d’une autre manière, avec une vision plus “utilitariste”, visant à résoudre un bug sans vision holistique, et touchant donc potentiellement aux fondations.

Et encore, cela ne serait pas un enjeu si important si le projet n’était qu’au stade de la préproduction, mais jouer à ce genre de jeux en production, c’est aimer la roulette russe avec plusieurs balles.

Et du coup, le développeur dans tout ça ?

Un développeur qui utilise l’IA, ce n’est pas un développeur fainéant, ce n’est pas non plus un développeur incompétent. C’est une personne rationnelle qui utilise les outils modernes à son avantage.

Il va bien entendu discuter avec l’IA, par moment ce sera même ses seules interactions sociales de la journée (on rigole… quoi que), mais il va s’en servir comme d’une débroussailleuse, lui permettant, cercle concentrique par cercle concentrique, d’isoler le bug, la feature, ou quoi que ce soit, à sa seule circonscription. Il va ainsi acquérir une vision précise de ce qu’il doit faire et des outils qu’il peut mettre en place pour y parvenir.

L’IA, c’est un générateur de réflexion, mais la production intellectuelle, ce qu’on pourrait appeler plus trivialement “le parti pris”, reste dans la tête et les mains du développeur.

Et c’est essentiellement ça le développement aujourd’hui, une histoire de parti pris. “J’utilise cette technologie car…”, “je vais implémenter cette fonction parce que…”, “nous allons résoudre ce bug par l’angle suivant…”. Ce n’est pas pour rien qu’un développeur est aussi un consultant, une aide technique et pratique qui doit raisonner en termes techniques tout en discutant en termes pratiques avec le porteur de projet.

Conclusion

C’est pour ces raisons que l’IA n’est pas à diaboliser dans la mesure où elle est bien gérée, encadrée et comprise. Rien n’interdit de lui montrer votre camion tant que vous ne lui donnez pas les clés.

Peut-être qu’un jour ça changera, peut-être plus vite que prévu, et l’IA deviendra notre maître à tous, capable de nous challenger et d’aller plus vite, plus fort, sur tous les sujets. Mais ce jour n’est pas encore arrivé alors profitons encore un peu de notre cortex tant qu’il n’est pas relégué au rang des innovations dépassées !


✍️ Article rédigé par Charly Muziotti, développeur web freelance à Montpellier.

Contactez-moi